Un train de grande ligne Maintenant que je sais que je suis parti il y a longtemps pour un si long voyage j'apprends à mieux regarder ce qui est là chaque jour

Le quotidien divin Chaque soir le soleil en disparaissant nous laisse une part de feu pour traverser la nuit

Entre deux inconnus La bestiole que nous observons à nos pieds avec curiosité et sans frayeur le petit point noir à pattes si vulnérable si « insignifiant » nous avons le pouvoir de l'écraser ou de l'épargner et dans le même temps celui de nous mettre à sa place dans la présence invisible de l'ange

Rédemption D'est en ouest le soleil se cache derrière le soleil et l'amour est un éblouissement qui absorbe d'un coup tout le malheur des hommes

L'emblème L'apparition soudaine de l'emblème pulvérise sur le chemin de l'expérience la ténèbre et le doute le griffon protège la fleur de lis l'aigle à corps de lion veille sur l'arbre de vie

L'inconnu en cours de route Je roule à vélo au milieu des champs un insecte dont j'ignore le nom se pose quelques instants sur mon cadre il ne sait rien de moi il ne sait pas ce que « kilomètre » ou « rouler à vélo » veut dire et pourtant il est bien là à changer un peu de place sans effort Mais j'y pense ne faisons-nous pas nous-mêmes

Un soir Un soir au bord de l'océan sous un ciel qui annonce un orage nous pensons à une révélation et tu me demandes brusquement si c'est bien « la mer » qui fait ce bruit-là comme un mugissement de bête invisible comme une plainte

Transparence Dieu nous regardeavec les yeux des enfants et des oiseauxet si nous savons bien nous taire un peuil regarde aussi les enfants et les oiseauxde par le mondeavec nos propres yeux

La voix de nulle part Je suis la lumière qui tient le corps debout je suis la lumière qui parle à travers le corps issu de la nuit des temps et seul le maître de maison qui a su rester vigilant peut m'entendre distinctement

Un moine La porte du monastère est ouverte un moine en sort à vélo pédalant sec pour aller travailler aux champs