"Krabat" de Karel Zeman (1978) Mignonne, viens jusqu'au moulin Au soir où chante la rivière, Sur le chemin le vent câlin Fera s'envoler ta crinière. Mignonne, viens jusqu'au moulin T'asseoir à l'ombre du grand saule Là ton minois de soupirs plein Se posera sur mon épaule. Et sous les ailes du moulin, Quand montera la lune belle, Mon bras sur

L'autre nuit, j'ai pris dans mes deux mains ce Golem d'acier, refusant la cadence de son pas lourd, nul endroit sur la terre où l'écho de ce pas ne résonne, et j'ai fixé, une heure ou plus, sa face de scaphandre. Sous l'argile glacée, j'ai vu dans ses entrailles un grouillement intense, une excroissance morbide, une fermentation absurde comme

Un homme allait à grand pas. Il avait la manie d'être toujours à l'heure. Il courait partout, toujours pressé, allant sans cesse au devant des événements. C'était un de ces hommes qui, le soir, à peine couché, tombent dans leur lit d'épuisement. Cet homme se pressait donc. Il avait rendez-vous, bien sûr. Avec qui ? Nous le saurons bient

Gustave Caillebotte (1878) Quittant ce matin-là mes rêveries grandioses, Je voulus goûter l'air de la simplicité Et rejoindre au dehors les promeneurs qui osent Braver le rude hiver qui glace la cité. Alors je grelottais sous mon manteau de gnose Le froid tranchait mes mots par son aspérité Révélant mon orgueil sous la feinte kénose, Ô l

Un clochard nichait sur un quai de métro. Une nuit, un wagon passe et s'arrête devant lui. La Mort ouvre la porte et dit : "Monte, vieil homme, c'est ton heure à présent." L'homme, à qui on n'avait jamais adressé une parole, se lève, laisse derrière lui son vieux grabat et le monde plein de rires. Le cœur en joie, il rejoint cette amie nou

Deuxième tour Dès l’aube, mon esprit s’abîmait dans une tâche sourde, épuisante, interminable. Imaginez une coquille recelant un fruit rare et précieux, une coquille si dure que la frappe la plus brutale la laisserait indemne et si lisse que la ruse la plus affûtée ne saurait y trouver de faille. Ouvrir cette coquille seulement au prix

Montre-moi, bohémienne, Montre-moi De ton pas élancé Montre-moi, bohémienne Montre-moi Comment il faut danser Tu es l'oiseau sauvage Au chant sonore et vif Je suis l'enfant très sage Silencieux et pensif M'aimeras-tu quand même Autant que moi je t'aime ? En haut ta citadelle Au maternel clocher Et moi à l'ombre d'elle Blotti sous mon rocher

Paysage avec ruines et bergers, Pierre Patel J’étais un clandestin sur ton navire, o Nuit ! Mais mon espoir gonfla le foc et la grand voile Et nous voguions ainsi loin du port et du bruit, Suivant la direction de notre bonne étoile. Sur le pont vermoulu, je m’étais allongé, Les jambes de travers ainsi qu’un marin ivre Et l’onde caressai

Premier tour Hier soir, étant sur le point d'aller au lit, je réalisai soudain que j'étais dans un état fort singulier. Tout d'abord je me crus malade mais, à mesure que je m'examinais, je ne décelais pas les symptômes d’une fièvre ordinaire ; j'étais plus lucide que jamais auparavant et pourtant mon corps fébrile se dérobait, mes memb

Vincent van Gogh, La nuit étoilée, 1888 "Il faudrait", me dit un soir Emelin, au terme d'une discussion éminemment politique, – C'était à l'occasion d'une de ses longues soirées d'hiver, près de Lille, à l'époque où nous partagions une colocation à la résidence de notre école ; mon ami s'était soudainement levé de son fauteuil et a