Il est midi, je rêve d'asphalte et de nuit quand le soleil me brûle. Ma peau crépite, suinte, scintille alors que le ciel bleu, auréolé de jaune et de blanc - comme il est d'usage au mois de juillet- me défie. Je me sens disparaître petit à petit, une flaque humaine qui vient caresser la chaussée, se mêler à elle. J'ai envie d'ivresse, d

L'esprit humain est merveilleusement contradictoire. Cette disposition universelle à vouloir tout autant une chose et son contraire est une contrainte fascinante, inéluctable et sans réponse satisfaisante. Ils sont des réveils qui m'amènent à m'interroger particulièrement à propos de cette faculté qui est chez moi un air récurent et qui s

On retient toujours méticuleusement l'instant où l'on a vu pour la dernière fois un être qui nous fut cher. Je ne parle pas ici de décès, mais de rupture amicale, sentimentale, peu importe. L'adieu se métamorphose dans la mémoire pour prendre alors un aspect plus solennel, plus artistement mis en scène, en somme plus marquant. Il trace en

Il faut se taire, soupirer au mieux. Je ne peux de toute manière plus parler, ma gorge est nouée par l'angoisse. Je ne trouve plus mes mots et seuls subsistent ceux de trop, qui s'échappent alors de mes lèvres contre mon gré. Je me paralyse par peur du ridicule, par une recherche vaine de l'exactitude. Je porte un masque, un masque ludique et

Le désir de me mêler, de me fondre à l'étendue du monde me hantait. C'est à cela que mon cœur aspirait et, par cette union, de collectionner ce que l'on pourrait appeler des moments forts. La banalité devait être magnifiée, idéalisée dans son apparence concrète. Je savais indubitablement qu'un fait inéluctable m'était destiné, sans p

Voilà des semaines que j'essaye d'atteindre la cause ou bien l'essence même de l'état dans lequel je me trouve sans pouvoir en déterrer les racines. Seuls quelques mots vacillent, dansent dans ma tête et même dans ma bouche : « comment ne pas parler de " ça " ». « ça » c'est un événement futile, anecdotique, un événement qui s'éten

Je cherche la hauteur et la solitude. Par la fenêtre du bus, au sein duquel je suis installée, je cherche du regard la cime des immeubles parisiens : les tulles sont brouillées par les nuages et le vent, les cheminées fendent une à une le ciel obscur et gris, plus de fumée que du brouillard. Je voudrais m'y promener avec une absence totale de

Je suis allée voir un ballet, ou plutôt une projection en direct de plusieurs chorégraphies qui se jouaient à l'Opéra Garnier. Sur l'écran les corps se tordent et s'animent dans une grâce inépuisable. Quatre tableaux étaient présentés, quatre univers distincts mis en image par le même chorégraphe. Le premier était l'effervescence mêm

Étendue sur ma terrasse, je tiens au creux de ma main une petite boîte d'allumettes : quel objet charmant. Il s'agit du format réduit produit à l'intention de ceux qui se sentent toujours trop encombrés, avec sur les côtés ce petit feutre granuleux qui, pour mon bon plaisir, offre un bruit grisant et adorable lorsque l'allumette vient s'y fr

Il ne suffit souvent que d’un instant pour que resurgissent des motifs anciens, enterrés profondément en nous. Il suffit d’une silhouette aperçue au loin, d’une vague odeur, d’une couleur anodine, d’un regard... d’un regard, ou encore d’un geste, d’un mot. Alors le motif vous frappe de plein fouet, il se retrouve grandi par la di