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Mancino

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Le Blog de Mancino

Il fut un temps où le coeur du Quartier Latin battait sous les sabots des Communards déchaînés. Il fut un temps où le Vème Arrondissement de Paris était le terreau de toutes les révoltes prolétariennes, toujours parmi les premiers à dresser des barricades. Il fut un temps où Paul Verlaine s'éteignait miséreux, entouré de prostituées et de bouteilles d'absinthe, dans son taudis de la Rue Descartes. Il fut un temps où les Sorbonnards ne se contentaient pas de quelques slogans simplistes et de manifestations encadrées, mais rêvaient de changer le monde à grands coups de pavés. Malheureusement, si l'on se présente aujourd'hui en tant qu'"habitant du Vème" - ou plus généralement du centre de Paris - les railleries fusent immédiatement. A l'index du catalogue social populo-médiatique, nous voilà hissés au rang de "bourgeois". Pire ! de "bourgeois-bohème"... L'esprit excessif de synthèse de notre quatrième pouvoir national, attisé par un antiparisianisme grandissant, a taillé à coups de serpe la Ville Lumière afin de distinguer trois zones nettes et hermétiques : les riches à l'Ouest, les pauvres à l'Est, et les "bobos" au Centre. Il suffit pourtant de parcourir les enquêtes sociologiques, ou plus simplement d'arpenter les ruelles du "ventre de Paris" pour découvrir une réalité bien différente des clichés habituellement véhiculés. Certes, il serait inopportun de comparer le Marais ou Saint-André-des-Arts à la Goutte d'Or, et encore moins au portrait dépeint par Eugène Sue dans Les Mystères de Paris. Il suffit cependant de se promener Rue Mouffetard pour croiser des lycéens lisant du Sartre en roulant leur cigarette, de débouler Place Saint-Médard pour danser la java à l'heure de la messe dominicale, d'errer sur les quais de la Seine pour assister au spectacle de dizaines de saltimbanques, des peintres aux cracheurs de feu... Il suffit de se rendre sur les marchés pour entendre la gouaille parisienne qui a fait la réputation d'Audiard, Gabin et Renoir. Quoi que la vox populi en dise, Paris a conservé son âme d'antan, cette rage de vivre et de rêver, qui se transmet par les effluves de Gitanes et le son de l'accordéon. Certes, les ouvriers l'ont déserté, mais les étudiants, les intellectuels, les artistes et les vagabonds sont toujours là, prêts à prendre la relève et à assumer une identité qu'ils s'approprient un peu plus de jour en jour. Quant à notre supposée richesse matérielle, elle s'effondre sous le poids de quatre constats : celui du prix de l'immobilier couplé au taux de locataires et à la surface par habitant, auquel on ajoute un coût de la vie amplement supérieur pour les mêmes produits, notamment en raison du volumineux afflux touristique. Ainsi, alors que les revenus des Parisiens sont relativement supérieurs à la moyenne nationale, leur niveau de vie est sensiblement... inférieur ! Le constat global est donc posé, et il sera sans cesse affiné au fil du temps. Vous l'aurez compris, cette page prendra la forme d'une tribune populaire, politiquement marquée et partisane à souhait ; souvent arrogante, parfois de mauvaise foi. Bien que son auteur est un judéo-bolchévique internationaliste convaincu, ce blog sera avant tout identitaire. Nonobstant son caractère a priori fascisant, l'adjectif "identitaire" se devra d'être interprété au sens parisien du terme : celui d'une ville qui a forgé son histoire dans le creuset de l'immigration : des premiers Juifs ashkénazes établis au XIIIème Siècle autour de la Rue des Rosiers jusqu'aux nouveaux arrivants d'Asie de l'Est et d'Afrique subsaharienne, en passant par les Bretons et les Auvergnats, Paris a bâti SON identité sur LES identités. L'identité parisienne, c'est donc l'Universel réuni au sein d'une communauté composite et propice aux mélanges. Pour preuve, on peut citer le taux de Parisiens nés hors de la France métropolitaine, qui atteint les 20%. Mais c'est l'argot lutécien - et notamment ses variantes modernes - qui illustre le mieux ce melting-pot : sans aucun fondement étymologique déterminé, cette langue verte à la structure unique au monde s'est développée sur un schéma binaire, mêlant trouvailles poétiques et agrégation de racines provinciales ou étrangères. Appelé "tête de veau", "tête de chien", "Parisieng", ou plus simplement "enculé" selon les régions qu'il traverse, le Parisien est une créature incomprise et mal-aimée. Puisse ce modeste blog contribuer à lui rendre ses lettres de noblesse...
Mancino Mancino
Articles : 74
Depuis : 24/08/2008
Categorie : Mode, Art & Design

Articles à découvrir

Pensée du jour - 10/04/2012

"Étant entendu que le monde moderne est une horreur absolue, il ne reste plus qu'à cracher dessus. Ce doit être pour cela que la Providence m'a fait phtisique..."
En attendant qu’éclate la bulle [Palimpseste]

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[Pour les infortunés qui n'ont pas lu le numéro de décembre du Vantard de la Mouffe, voici la version remaniée de ma contribution mensuelle...] Eugène Vermersch - un sacré bougre ! En attendant qu’éclate la bulle, j’entends ma ville qui se meurt. J’entends les sanglots de ce peuple qui jamais ne renaîtra. J’entends le râle des fusi

Brève de comptoir - 06/02/2012

"C'est quand même dingue : les ceusses qui causent le plus de tolérance, c'est les premiers qui t'insultent quand t'es pas d'accord avec eux."
Rouscaillons Bigorne : "Le bistro"

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Citoyens ! V'là un bon bout d'temps que je n'vous ai point donné de nouvelles. Comptez pas sur moi pour m'répandre en excuses et aut' justifications. Et pis t'façons, c'est pas comme si j'vous avais manqué. Il se trouve que ces derniers temps, mes contributions scripturales ont été pour l'essentiel destinées à la presse écrite, beaucoup m
Rouscaillons Bigorne : "Les bacchantes"

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. . . . ROUSCAILLONS BIGORNE ! Leçon n°2 : Les bacchantes Ah ! les bacchantes !… ah ! souvenir chamarré du temps où les hommes, humbles mais droits, étaient encore des hommes… Oh ! chères bacchantes ! tantôt douces, tantôt rugueuses !... où vous cachez-vous donc ? Nulle part, hélas ! Votre planque, c’est le néant, depuis que l’on
Exhumation : La Complainte de Rossel

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"Je sais bien que la littérature et la philosophie d'aujourd'hui se méfient des « belles âmes » et préfèrent les salauds. Je sais bien que l'histoire d'aujourd'hui ne s'intéresse guère qu'aux statistiques, aux courbes des prix, à l'action des masses et qu'elle ne retient, à la rigueur, que les noms de ceux qui ont contribué à changer l

Humeur immo-bilière

Dans mon immeuble, quand une porte est pétée, on remet le code sans réparer le groom. Dans mon immeuble, quand on fait un trou en plein milieu du hall (pour stopper une fuite de canalisation qui inondait les sous-sols depuis environ une semaine), on se contente de mettre des planches par dessus. Et quand les planches sont pourries et se fissuren
Requiem pour ma Cité

Requiem pour ma Cité

Ceci n'est pas un poème. Un poème, c'est beau et bien agencé. Ça, c'est au mieux une expectoration. Sont-ce encore ma Rue, mon Quartier, ma Ville ? Les dernières Gauloises s'éteignent, le gandin prolifère. Le bar-tabac n'est plus enfumé ni ronflant, Il n'est même plus kabyle. Le primeur a fermé. Les primeurs ont fermé. Les fripiers pullu
"Socialisme" et règle d'or...

"Socialisme" et règle d'or...

La "règle d'or" (ou comment donner un nom pompeusement mélioratif à une réforme dite d'"austérité") est adoptée. Une couleuvre de plus pour les électeurs de gôche, dont une bonne partie ira se défouler en votant prochainement pour le rhéteur sans idées Mélenchon ou pour la bande de hippies cosmopolites de Besancenot. Avant de rentrer d
Rouscaillons Bigorne : "Un pandore"

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. . . ROUSCAILLONS BIGORNE ! Leçon n°3 : Un pandore Du « condé » au « poulaga », l’arguemuche de la Capitale fourmille de sémillantes allégories à l’endroit des forces du désordre. Le premier sobriquet tire ses origines du prince en charge de la sécurité du royaume, tandis que le second accompagne l’invention combinée du nuggets