Le Cantique des Cantiques : présentation, origines et contenu
Le Cantique des Cantiques est une suite de chants d’amour faisant partie des Livres poétiques de l’Ancien Testament. Appelé aussi le Cantique de Salomon, c’est le texte de la Bible qui connait le plus grand nombre d’interprétations.
Le texte du Cantique des Cantiques
Les chants se présentent sous la forme d’un dialogue entre une femme et un homme, le « bien-aimé » et la « bien-aimée », accompagnés d’un chœur. Leurs voix s’interpellent, ils se perdent, se cherchent et se retrouvent. Littéralement, le langage est imagé ; il célèbre le désir, la beauté, les plaisirs de l’amour. Les métaphores sont empreintées au registre de la nature (plantes, arbres, animaux), mais encore aux parfums (senteurs, arômes, encens) et aux goûts (fruits, vins). La volupté se dégage de tous les sens pour chanter une relation érotique très libre, hors des lois, dans la jouissance et l’harmonie entières.
Origine du Cantique des Cantiques
L’origine des chants est située dans les traditions orales de l’Egypte ancienne, car ils sont très proche de la poésie érotique du Moyen Empire, autour du Xe siècle av. JC. On pense qu’ils pouvaient faire partie d’un folklore du mariage dont l’usage avait disparu, et qu’ils ont été retransposés en Israël sous le règne de Salomon. Ces chants furent réunis et fixés par écrit au IVe siècle av. JC. Ils faisaient partie des textes hébraïques de la bibliothèque d’Alexandrie, traduits en grec et regroupés sous le titre de la Septante. Malgré leur beauté, l’origine profane et la sensualité manifeste des chants soulevaient quelques réticences au sein des doctes chargés du Canon, et c’est au Ier siècle de notre ère qu’ils ont été définitivement admis parmi les textes inspirés, peut-être sauvés de l’oubli grâce à l’interprétation religieuse.
Lectures du Cantique des Cantiques
L’amour chanté par le bien-aimé et la bien-aimée du Cantique fut d’abord interprété comme l’amour de Dieu pour son peuple, l’image aussi de l’union mystique de l’âme humaine avec Dieu. En apôtre du christianisme, Saint Paul en fait une allégorie de l’amour du Christ pour son église, et une parabole du mariage. Pour les protestants, c’est le modèle idéal de l’amour entre époux. Le Cantique a pu être rapproché d’un culte à la fertilité existant à l’époque de Salomon. Une recherche historique et littéraire plus récente introduit un lien avec le mythe grec d’Eros et de Psyché. À partir du XIXe siècle, avec Goethe, on revient sur une lecture plus littérale et poétique, en acceptant cette célébration des corps comme une réalité. On redécouvre le charme primaire de cet élan amoureux, dont la fraîcheur et la sincérité continuent d’inspirer tant de fascination et de questions.