Le garçon de Turkana Kennis et Kennis Frans de Waal, primatologue et éthologue très renommé, a apporté une contribution décisive à l’étude des primates et particulièrement des chimpanzés et des bonobos, nos plus proches parents. Dans cet essai, rigoureux, facétieux, audacieux, ses observations et les déductions qui en découlent, batt

En entrant à l’usine Bien sûr j’imaginais L’odeur Le froid Le transport de charges lourdes La pénibilité Les conditions de travail La chaîne L’esclavage moderne Je n’y allais pas pour faire un reportage Encore moins préparer la révolution Non L’usine c’est pour les sous Un boulot alimentaire Comme on dit Parce que mon épouse e

PROLOGUE – ATTENTE 1974 Cette salle d’attente est bondée, envahie par tous ceux qui veulent fuir la ville en ébullition. Tous inspirent un grand coup et se font tout petits devant ce gamin en uniforme fébrilement tendu vers l’âge d’homme. Hirut regarde le portrait de l’empereur Hailé Sélassié : un homme digne, à l’ossature déli

L’enfant ouvre d’abord l’œil droit, puis le gauche. Il a la tête à deux endroits. Une fois à Ripa, où rien ne peut lui arriver, et une fois dans l’appartement, où il doit compter ses pas. Quatre pas jusqu’à la table, deux jusque sous le buffet, un grand pas jusqu’à l’évier et dix pas de la cuisine jusqu’au milieu du long co

Edouard Boubat. Paris 1948 Il faut marcher à pas comptés pour déjouer le désordre et les pièges de la mémoire. Brune ? Non. Plutôt châtain foncé avec des yeux noirs. Elle est la seule dont on pourrait retrouver des photos. Les autres, sauf le petit Pierre, leurs visages se sont estompés avec le temps. D’ailleurs, c’était un temps où

Lewis W. Hine 1911 Notre pays à nous, c’est ce maigre rivage où nous voici jetés. Jean-Paul de Dadelsen Jonas « Ce que moi, George Perec, je suis venu questionner ici, c’est l’errance, la dispersion, la diaspora. » Le 31 mai 1978, Georges Perec se rend pour la première fois sur l’îlot d’Ellis Island en compagnie du cinéaste Robert

Dans son « Roman de terrain », Le Bosquet, Esther Kinsky , grande amoureuse de l’Italie et de l’œuvre de Giorgio Bassani, marche sur les traces des personnages de ses romans, à Ferrare, dans les marais. C’est l’hiver, elle voudrait voir le jardin des Finzi-Contini sous la neige, la rue qui y conduit. Elle s’installe dans les Valli où

… afin que nous soyons, jusque dans l’avenir, célébrés par les chants des hommes qui viendront. Homère, L’Iliade Malheur à la terre assombrie d’ailes, qui s’étend au-delà des fleuves d’ Éthiopie. Isaïe, 18 : 1 … quel dieu te précipite, coup après coup, vers la longue chute mourante ? Pourquoi toute cette horreur qui tonne d

Dans la pièce il n’y avait pas une seule chaise inoccupée. Chacune des personnes, chacun des objets qui s’y trouvait, y avait sa fonction précise. Il avait l’impression d’être devant un tableau encadré. Impossible de pénétrer dedans. Il n’y avait pas de place pour lui, pas d’espace suffisant. Un dimanche matin d’hiver à Ferrar

Un jour, dans un film, j’ai vu un homme se saisir d’un cierge allumé pour une proche parente dans la niche des viĭ et aller le déposer dans celle des morţĭ. Le qu’en sera-t-il se change en un il en fut ainsi. Les mouvantes perspectives du futur se figent en une image-souvenir. Le geste du personnage me toucha par sa simplicité et son re